L'éolienne

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La roue de l'éolienne qui avait chutée le vendredi 12 juin 1992 a été réinstallée sur son pylône par les Etablissernents Poncelet de Plancy (10).
Le remplacement du vilebrequin par un axe droit a confirmé que l'arbre était depuis de longue date fracturé à une profondeur de 32 centimètres dans le grand moyeu d'assemblage de la voilure. Ce vice caché imprévisible ne pouvait donc être découvert lors de la remise en état de l'éolienne qui avait été décidée en septembre 1991 par la Slee-Dumez (société fermière de la gestion et l'entretien de la distribution de l'eau potable).
Les caractéristiques de cette roue sont les suivantes elle pèse 1400 kg, son envergure est de 7m80, elle comporte 30 pales d'une longueur de 2m25 chacune, l'axe de cette roue est fixé sur un pylône d'une hauteur de 19 mètres.

Historique de l'éolienne

Le 10 octobre 1909, le conseil municipal de Barbonne-Fayel confie à Rémi Sante-Baetens, ingénieur à Wetteren (Belgique) l'installation d'un premier moteur à vent.
Cet ingénieur met en place un moteur à vent de type Aermoter. La voilure de 6m10 de diamètre offre une capacité de prélever 70 m³ d'eau potable par jour. Ce moteur est placé sur un pylône de 15 mètres de hauteur.
Cet aéromoteur actionne une pompe à fourreau qui se trouve installée au fond d'un avant puits de 30 mètres de profondeur, prolongé par un forage de 35 mètres de profondeur et de 45 cm de diamètre ; le diamètre de l'avant puits est de 1m60. Le niveau dit statique de l'eau est à 26 mètres de profondeur dans l'avant puits.

Le 3 octobre 1925, la commune décide de lui opposer un nouveau matériel qui devra élever environ 1l m³ par heure, le moteur fonctionnant sous l'action d'un vent de 6 mètres à la seconde.

Le maire de l'époque signe un marché traitant de gré à gré avec la Société Lyonnaise de construction de machines agricoles à Lyon.

Cette Société met en place un nouveau moteur à vent du type Idéal-eclipse. Cet aéromoteur est doté d'une voilure en acier galvanisé de 7mn80 de diamètre. La voilure s'oriente automatiquement par un gouvernail ; elle s'efface immédiatement en cas de tempête par l'effet d'une vanne régulatrice et se replace automatiquement en travail grâce à un levier réglable permettant de faire varier le point d'effacement de la voilure et sa vitesse maximum.

Pour permettre l'installation de cette nouvelle voilure la tête du pylône est prolongée de 4 mètres.

Le 21 octobre 1930, l'arbre du moteur se rompt et la Société Lyonnaise indiquant que de tel moteur fonctionnant depuis plus de 20 ans sans incident de ce genre conclut qu'une rupture aussi rapide de l'arbre serait due à un défaut de lubrification. En novembre 1931, l'arbre est remplacé, il a été exécuté en acier spécial de haute qualité. Le coût définitif de ce remplacement est bien supérieur au devis initial présenté par la Société Lyonnaise et entraîne une dépense importante qui reste totalement à la charge de la commune.

A cette époque où l'électricité était déjà distribuée par le réseau, le remplacement de l'aéromoteur ne semblait pas être la solution la plus avantageuse. En effet, la mise en place d'une pompe électrique aurait offert une solution moins onéreuse et certainement plus performante. Ce qui fut fait quelques décennies plus tard.

Entretien de l'éolienne

La tubulure contenant la tringle actionnent la pompe et la canalisation de refoulement doit être démontée tous les cinq ans environ pour le remplacement des brides (joints en cuir) et du clapet d'aspiration. Cette installation suspendue sous l'éolienne, d'une dimension supérieure à 60 mètres provoque à chaque intervention un coût d'entretien exorbitant.

Il devient de plus en plus difficile de trouver un fournisseur pour les pièces de rechange. En dernier, le bourrelier du village sauve la commune en confectionnant lui-même les brides en cuir.

En 1972, la commune décide de mettre en place un appareil de surpression pour distribuer d'une façon satisfaisante l'eau aux habitants en particulier aux personnes résidant au Hameau de Lancourt pénalisées par un défaut de pression.

Cette décision condamne définitivement l'usage de l'aéromoteur. La tubulure et la pompe seront démontées et remplacées par une petite pompe électrique, immergée au fond du forage, elle offre une capacité de refoulement de 58 mètres cubes par heure.

La performance de ce matériel suffit largement à assurer la consommation exigée par la population qui sollicite par jour 110 m³ environ (en période hivernale) ou 320 m³ au maximum (à l'occasion des traitements agriviticoles et des vendanges par exemple).
Cette pompe fonctionne quelques heures par nuit. En cas d'incendie, elle assurerait en marche forcée, le maintien du niveau maximum de l'eau dans les bassins de distribution (réserve 550 m³).

Remise en état de cette éolienne

Le rapport de l'expert a évalué le montant des réparations à 30 340 F HT.

En raison des circonstances et des causes de cet incident la Compagnie d'assurance de Etablissements Poncelet qui enfin de compte ne pouvait prévoir ce vice-caché à l'occasion de son intervention à fixé l'indemnité de ce préjudice à 12 540 F laissant la différence à la charge de la commune. La société fermière dans cette affaire a assuré toute sa solidarité à l'égard de la commune, mais considérant qu'elle n'était par responsable de l'entretien de cet ouvrage a déclaré que sa responsabilité civile ne pouvait être recherchée.

Deux sociétés spécialistes en éoliennes existeraient encore en France. Les Ets Poncelet construisent environ 200 éoliennes par an. Une partie de cette production est destinée à l'étranger, la Mauritanie est actuellement le principal acheteur.

Anecdotes

Lors de la construction du silo, une commission spéciale fut désignée pour étudier l'implantation de cet ouvrage, certains membres ont déclaré l'éolienne "inconvenante" dans le paysage de Barbonne.

Rassurons-nous; elle est le témoin de nombreuses visites, du souvenir photographique d'innombrables vacanciers, des jeunes couples l'ont aussi choisie pour leur photo de mariage.

Si, quelquefois elle cause certains soucis : c'est aux compétiteurs de rallyes qui stressent pour répondre aux nombreuses questions qu'elle suscite. Par exemple la différence entre son point le plus haut et son point le plus bas ne représente-t-elle pas le tiers de la hauteur de la Tour Eiffel ?

(c) 2009 Robert BOMME.